La pratique du vélo utilitaire est beaucoup plus sûre qu’on ne le croit. En ville, il n’est guère plus risqué de se déplacer à vélo qu’à pied ! Et en connaissant les pièges à éviter, vous pouvez, individuellement, réduire encore ce risque d’accident.
Lire également le dossier sur le casque à vélo.
Le savez-vous ?
Selon l’ONISR, en 2014, 4,5 % des blessés, et 4,7 % des tués sont des cyclistes. Ces pourcentages restent quasiment stables d’une année sur l’autre. Si le nombre de cyclistes tués varie d’une quinzaine d’unités en plus ou en moins d’une année sur l’autre, la répartition des tués en ville et hors agglomération reste stable : 2/3 décèdent hors agglomération. De même les blessures sont plus graves en cas d’accidents hors agglomération. La vitesse élevée des véhicules motorisés en est la principale cause. Le vélo dangereux en ville et pas à la campagne est donc un cliché contre lequel faut à tout prix lutter.
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2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
Cyclistes tués |
147 |
141 |
164 |
146 |
159 |
% par rapport au total tués |
3,6 |
3,7 |
4,5 |
4,5 |
4,7 |
Source : ONISR
Piétons et cyclistes : des taux d’exposition aux risques pas si différents
Un article de l’IFSTTAR publié en 2014 donne des précisions intéressantes sur les risques par usager : le risque pour un cycliste d’être tué, sur la base du temps passé à se déplacer ou sur le nombre de déplacements effectué, est seulement 1,5 fois supérieur au risque encouru par l’automobiliste ou le piéton. Si l’on s’intéresse à la distance parcourue, le risque d’être tué pour le piéton est deux fois plus élevé que pour le cycliste. Dans ces deux catégories d’usagers, les plus de 65 ans sont surreprésentés (43 % des tués). Quand au risque d’être tué en deux-roues motorisé, il est 32 fois supérieur à celui de l’automobiliste alors que cette catégorie représente moins de 2 % des déplacements. Les conducteurs de 2RM (3,6 millions de véhicules en circulation) paient un lourd tribut : chaque année, plus de 800 sont tués et 15 000 blessés gravement donc rien à voir avec les cyclistes (17 millions de pratiquants réguliers, 160 tués, 1 500 blessés graves). C’est pourquoi il faut lutter contre l’amalgame que font aisément les journalistes en parlant de « deux roues ».
Les principales causes d’accident sur un trajet utilitaire
Grâce à l’Ifsttar [1], les principales configurations de conflits sont de mieux en mieux identifiées. Dans 70 % des cas, le cycliste chute seul : après une tentative d’évitement d’un usager (piéton 3 %, ouverture de portière 2,9 %) ou d’un obstacle (trottoir, poteau, véhicule en stationnement, ...), après collision contre un obstacle, à la suite d’une glissade sur voie mouillée, de nuit par mauvais temps et mauvaise visibilité, ou encore par déséquilibre (chargement, bandoulière de sac, ...). Seulement 30 % des accidents impliquent un autre usager de la route : il s’agit le plus souvent d’un conflit de trajectoire (46 % des cas) dont 1/3 en intersection et, de façon récurrente, les cyclistes déclarent ne pas avoir été vus par l’antagoniste. La principale menace en ville est en effet l’angle mort des poids lourds, bus, cars, et des véhicules utilitaires. Ces collisions sont fatales au cycliste. Majoritairement l’antagoniste heurte le cycliste par l’arrière : ceci tend à confirmer que la bonne co-visibilité que procure le double sens cyclable est un atout en faveur de la sécurité et non une source de danger.
Augmenter la pratique du vélo pour diminuer les risques d’accidents
La tendance déjà observée dans plusieurs pays européens se confirme dans les villes françaises : lorsque la pratique du vélo décolle, le risque d’accident diminue. On appelle ce phénomène « la sécurité par le nombre ». Il fonctionne pour les cyclistes comme pour les piétons. Plus ils sont nombreux sur l’espace public, plus ils sont prévisibles par les autres usagers, mieux ils sont vus et le risque d’accident décroit. On peut véritablement parler d’effet "masse critique". Un des exemples frappants est la réduction du risque d’accidents graves rapporté au nombre de déplacements à vélo dans les villes où l’on a introduit massivement des vélos en libre-service. Si le nombre de cyclistes a augmenté, c’est aussi, bien souvent, parce que la collectivité a fait un effort pour apaiser le trafic : création de voies cyclables et de zones 30, zones de rencontres... Enfin, les cyclistes s’habituent au trafic urbain et connaissent mieux les quelques situations à risques.
Pour plus de précisions
- Site officiel de la Sécurité Routière, rubrique Observatoire national (ONISR)