Le vélo, bon pour la santé et pour le moral

On ne le dira jamais assez : le vélo, c'est bon pour la santé ! Bien sûr, pas question ici de traiter du sport cycliste et de ses excès mais plutôt d'une pratique modérée et régulière. Celle, par exemple, d'une personne qui a choisi ce mode pour ses déplacements domicile-travail. Cela correspond dans la majorité des cas à une activité physique quotidienne de 30 à 45 minutes... et répond parfaitement à la recommandation de l'Organisation Mondiale de la Santé. Pour lutter contre la sédentarité et son cortège de maladies, l'OMS prône en effet une activité physique d'endurance d'intensité modérée d'au moins 150 minutes par semaine. Encore faut-il, comme le précise le Programme national nutrition santé (PNNS) publié en France en 2008, qu'elle soit bien répartie sur l'ensemble de la semaine : « Il vaut mieux bouger un peu chaque jour plutôt que de faire une heure de sport intense de temps en temps. »

 

Les modes de transport actifs en vedette

Face à l'augmentation des maladies non transmissibles (c'est-à-dire non dues à des microbes ou à des virus mais plutôt à une mauvaise hygiène de vie), les rapports scientifiques démontrant la nécessité d'une activité physique se sont multipliés depuis un quart de siècle. Mais récemment, plusieurs d'entre eux ont mis en lumière l'impact bénéfique des modes de transport actifs. Pour la simple et bonne raison que le vélo, tout comme la marche soutenue, peut convenir à tout le monde ou presque et s'intégrer plus aisément dans un emploi du temps chargé qu'une séance de sport.

 

Réduire les risques de maladies chroniques...

Pour un citadin, se déplacer à vélo constitue donc l'un des plus sûrs moyens d'avoir sa dose quotidienne d'activité physique... et de s'offrir ainsi une garantie santé. C'est en tout cas ce que montre une vaste étude danoise réalisée en 2000 sur 30 000 hommes et femmes de 20 à 93 ans : elle conclut que l'usage du vélo dans les déplacements domicile-travail entraîne une réduction du risque de mortalité précoce de 28 % [1] !

Et elle n'est pas la seule à présenter des résultats aussi spectaculaires. À partir d'une synthèse de plusieurs études internationales sur le sujet, un rapport français réalisé en 2013 pour le ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a chiffré a minima la réduction des risques pour quelques grandes pathologies : moins 30 % pour les maladies coronariennes, moins 24 % pour les maladies vasculaires cérébrales, moins 20 % pour le diabète de type 2, moins 15 % pour le cancer du sein, moins 40 % pour le cancer du côlon, etc. [2]

 

… et garder la forme

Plus modestement, au-delà de la prévention de ces maladies chroniques dites « de société », pédaler au moins 30 minutes par jour constitue un moyen simple et efficace de se maintenir en forme. Sans y penser et presque sans effort, vous augmentez votre force musculaire, vous améliorez votre circulation sanguine (le pédalage favorise le retour veineux), votre souplesse, votre équilibre et votre coordination. Vous vous forgez une plus grande résistance à la fatigue et obtenez une meilleure qualité du sommeil. Enfin, cerise sur le gâteau, vous disposez d'un bel outil d'aide à la maîtrise de votre poids et de lutte contre le stress et la déprime.

 

Des bénéfices 20 fois supérieurs aux risques

Mais que valent toutes ces « assurances santé » si, par ailleurs, le cycliste risque à chaque instant sa vie dans un accident de la circulation ? Difficile d'écarter l'argument si souvent mis en avant lorsque l'on évoque les freins au développement du vélo comme mode de déplacement. Une étude réalisée en 2012 par l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France apporte une réponse fort intéressante sur le sujet. Elle a en effet confronté les bienfaits et les risques liés à l'usage de la bicyclette comme moyen de transport. Et sa conclusion a de quoi envoyer aux orties les idées galvaudées depuis des années sur la question : les bénéfices de la pratique du vélo, assure-t-elle chiffres et tableaux à l'appui, sont vingt fois supérieurs à ses risques ! D'où ce titre un tantinet provocateur que l'on pouvait lire dans un blog du Monde [3] peu après sa publication : « Ne pas faire de vélo, c'est dangereux pour la santé ! »

En fait, aujourd'hui, s'il y a un risque avéré pour l'usager du vélo en ville, c'est moins le risque d'accident que celui des problèmes respiratoires. Car, malheureusement, le cycliste se déplace souvent au milieu des pots d'échappement et subit la pollution atmosphérique alors même que le pédalage entraîne une augmentation de sa consommation d'oxygène. Un conseil, donc : privilégiez autant que possible les parcours à l'écart des zones à fort trafic -zones 30, zones de rencontre, aménagements cyclables en site propre, voies vertes, etc. Non seulement elles sont plus sûres et plus agréables mais elles permettent de profiter des précieux bienfaits de cet exercice quotidien tout en limitant au maximum cet inconvénient...

 

Des gains pour la collectivité

La collectivité, elle aussi, peut retirer des bénéfices non négligeables d'un report partiel du trafic motorisé sur le vélo. Sur le plan de la sécurité d'abord : en ville, toutes les études montrent que l'augmentation de la population cycliste dans la circulation routière a des effets bénéfiques sur la sécurité. Tout simplement parce que plus la présence des cyclistes est importante, plus les automobilistes sont incités à lever le pied. Loin d'être le danger que l'on prétend, elle contribue à l'apaisement du trafic.

Mais ce ne sont pas là les seuls bénéfices collectifs en termes sanitaires. Le développement du vélo dans la circulation a également l'avantage de contribuer à la réduction de la pollution atmosphérique et du bruit. Certaines grandes villes européennes, qui ont développé depuis des années une politique résolument « cyclable », s'en portent fort bien...

Et tout ceci peut s'évaluer en espèces sonnantes et trébuchantes. Là encore, plusieurs études ont essayé de calculer les gains sur la santé pour la collectivité. Ce ne peut être, bien sûr, qu'une estimation mais, pour la France, si on traduit en euros le nombre de vie gagnées grâce à la pratique actuelle du vélo, ce sont quelque 5,6 milliards d'euros par an qui sont épargnés. Soit 1,21 euros par kilomètre parcouru ! [4] Excellente raison de pédaler...


[1] Andersen L.B. Et al. All-cause Mortality Associated with Physical Activity During Leisure Time, Work, Sports ans Cycling to Work, Arch. Intern. Med. Vol 160, June 12, 2000.

[2 ] Ces chiffres peuvent être multipliés par deux ou trois selon les études.

[3] Blog d'Olivier Razemon, Le Monde 17 septembre 2012

[4] Etude Economie du Vélo, Atout France, 2009

 

Des atouts spécifiques...

« Le système musculaire est stimulé par la pratique du vélo, qui sollicite les principaux groupes musculaires et particulièrement les cuisses, les mollets, l’abdomen, le dos, les bras et les épaules, ce qui permet la formation du tissu osseux pendant la croissance et le ralentissement de la perte osseuse à l’âge adulte. Si ces bénéfices sur le capital osseux sont un peu moins marqués pour le vélo que pour d’autres activités dites « à impact élevé » ou « en charge », comme la course à pied ou la gymnastique, le vélo a l’avantage de préserver et de renforcer les articulations. Ainsi, le vélo réduit le risque d’arthrite, ainsi que le mal de dos. »
(extrait de l'étude de l'Observatoire régional de santé Ile-de-France)

 

Les recommandations de l'OMS

Pour les adultes (18-64 ans), l'Organisation Mondiale de la Santé recommande au moins 150 mn d'activité d'intensité modérée ou au moins 75 mn d'activité d'intensité soutenue, l'idéal étant, affirme-t-elle, de doubler ces durées pour des bénéfices santé plus complets. Au-delà de 65 ans, environ 30 mn d'activité modérée au moins cinq jours par semaine semble un objectif à la fois raisonnable et facile à tenir. Mais pour les enfants (5-17 ans), les experts de l'OMS prônent au moins 60 mn par jour d'activité physique d'intensité modérée à soutenue.