Du vélo au train : les atouts de l'intermodalité

Dès que l'on s'éloigne des secteurs d'habitat dense, les transports collectifs peuvent difficilement répondre à tous les besoins de mobilité. Des solutions individuelles sont   alors nécessaires pour rejoindre les lignes structurantes de transports collectifs -train, cars, tramways... Dans cette optique et lorsque les trajets restent inférieurs à cinq kilomètres, le vélo constitue un excellent moyen de rabattement.

Solution « bricolée » au départ, la formule commence à s'organiser, que ce soit avec le transport gratuit des vélos à bord des trains, l'offre de stationnement vélo sécurisé près des gares ou encore la mise en place de vélos en libre service à la descente du train. Mais si certaines régions ou villes jouent franchement le jeu de l'intermodalité depuis quelques années, mettant en place des  infrastructures et multipliant les initiatives pour faciliter la vie des usagers qui associent vélo et train pour leurs déplacements quotidiens, les résistances sont encore nombreuses... et l'offre insuffisante. En fait, l'association vélo + train reste pour l'heure encore bien faible : 3% en France contre 30 % aux Pays-Bas [1]. Cela laisse une solide marge de progression pour les prochaines années...

 

Le vélo sur le train

C'est une solution de continuité quand il s'agit d'aller de porte à porte entre deux points non desservis directement par un système de transports collectifs. Le trajet commence à vélo, se poursuit en train (avec transport du vélo à bord) et se termine à vélo. À première vue idéale, cette formule n'est toutefois pas toujours possible car tous les trains n'acceptent pas les vélos... sauf s'il s'agit de vélos pliés ou démontés et rangés dans une housse, alors considérés comme des bagages à main, et dont le transport est gratuit. Et surtout, l'offre de la SNCF est loin d'être transparente tant il y a de règles et d'exceptions. Petite amélioration, toutefois : la réservation vélo n'existait pas sur internet jusqu'à tout récemment ; elle ne pouvait être prise et réglée qu'au départ du train. Or, cette réservation en ligne est désormais possible... sur certains trains.

  • Les trains régionaux TER sont les plus ouverts à cette formule. Dans la plupart des régions, les vélos sont acceptés et cela, sans supplément de prix. Des emplacements dédiés sont accessibles dans la limite des places disponibles, mais pas de réservation possible. Les interdictions sont cependant assez fréquentes aux heures de pointe (matin et soir) ou sur certains trains.

Attention : En principe, la SNCF doit pouvoir vous préciser l'information avant l'achat de votre billet... et si elle n'a pas pu le faire, alors, sachez qu'elle ne peut pas vous interdire de monter à bord avec votre vélo (Charte des passagers de l'Union internationale des Chemins de fer, ratifiée par la SNCF).

  • Sur les trains interrégionaux Corail, il est plus difficile d'établir une règle. Les Intercités [2]  équipés d'espaces dédiés acceptent les vélos gratuitement et sans réservation, mais d'autres exigent une réservation lors de l'achat du billet (10 €). Enfin, quelques uns les interdisent. En principe, sur tous les trains de nuit, il existe un espace aménagé pour le transport des vélos ; là aussi, la réservation, obligatoire, doit être faite avec l'achat du billet (+10€).
  • Les trains OUIGO et IDTGV n'acceptent pas les vélos non démontés. Plié ou démonté, rangé dans une housse, votre vélo sera facturé 5 €(prix du bagage)  sur Ouigo mais gratuit sur IDTGV (sauf au-delà de deux bagages).
  • Les trains Grandes Lignes, d'une façon générale, ne chargent pas les vélos. Il existe toutefois des exceptions (à vérifier auprès de la SNCF) et dans ce cas, la réservation vélo est obligatoire (et payante : 10 €).
  • La plupart des TGV disposent de quelques places pour les vélos non démontés mais certains n'en comportent aucune (les TGV Duplex). De plus, plusieurs gares, en France et en Angleterre, n'offrent pas ce service. Réservation obligatoire à la commande du billet.

- Sur l'Eurostar, votre vélo peut voyager dans le même train que vous, en bagage enregistré (réservation 30 livres)... ou bien être transporté sur un autre train avec arrivée garantie dans les 24 heures (29 €).
- Sur le Thalys, seuls les vélos pliés ou démontés et rangés dans une housse sont acceptés.
- Sur les TGV Lyria, les vélos non démontés sont généralement acceptés mais réservation obligatoire avec l'achat du billet (+10 €).

 

Stationnement vélo

Une autre solution pour encourager les « suburbains » à laisser leur voiture au garage et à prendre leur vélo pour se rendre chaque matin à la gare consiste à leur proposer un stationnement sécurisé au plus près des quais (moins de 75 mètres). De nombreuses collectivités l'ont aujourd'hui compris, qui font des efforts pour implanter à proximité de la gare des stationnements vélo. Ce peut être un système classique, de type arceaux, malheureusement pas toujours munis d'un auvent ni sécurisés. Ou bien, comme on le voit dans les agglomérations les plus volontaristes en matière de mobilités actives, des infrastructures beaucoup plus conséquentes. Ainsi, Strasbourg, Toulouse, Dijon ou encore Nantes ont mis en place des véloparcs et autres parkings sécurisés, le nec plus ultra étant la vélostation, installée à l'intérieur même de la gare et offrant des services annexes. Ce sont là autant de dispositifs qui devront inspirer les autorités de transport des nouvelles lignes de car qui vont se développer dans l'hexagone.

 

Le vélo en libre service

Si le stationnement à la gare de départ est nécessaire, il peut être intéressant de disposer d'un vélo en libre service à la gare d'arrivée pour effectuer le dernier kilomètre sans attendre un bus, un tram ou un métro. Les offres de VLS qui se sont développées à l'instar du Vélov' lyonnais ou du Vélib' parisien dans de nombreuses collectivités – de Toulouse à Caen, en passant par Calais, Orléans, Besançon ou Nancy- répondent bien à ce besoin : les stations doivent alors se situer au plus près de la gare

 

[1] Pierre Serne, in Cahiers du GART 2015, Le vélo au service de l'intermodalité.

[2] Qui sont peu à peu remplacés par des Regiolis avec la mise en place des nouvelles régions.

 

 

Un combat qui se poursuit

Les solutions pour embarquer les vélos sur les trains ne sont pas nées spontanément. La SNCF -qui s'était montrée assez ouverte lorsque la demande était rare- n'a cessé, depuis quelques années, de chercher à revenir sur ces dispositions. Sous la pression des pouvoirs publics -heureusement tenus par les plans de déplacements urbains- et plus encore sous l'effet de l'action pugnace de la FUB et de ses adhérents (MDB, CycloTransEurope), voire d'associations européennes (National Cycling Charity, European Cyclist Federation), non seulement la SNCF a maintenu les possibilités d'embarquement de vélos non démontés mais elle a parfois amélioré les offres. Ainsi, le 13 novembre 2015, l'entreprise a annoncé qu'elle renonçait à son projet de ne plus accepter les vélos non démontés sur les Eurostars. Ce sont également ces négociations qui ont permis d'élargir les dispositifs de consignes vélos et de stationnement dans les gares. Cela dit, rien n'est jamais complètement gagné. Il s'agit de combats au long cours : dès que la pression se relâche, la tentation d'un retour en arrière guette...

 

De belles initiatives

Pour désengorger les TER les plus encombrés, la région des Pays de Loire a pris l'initiative de proposer une subvention à l'achat d'un vélo pliant, réservée aux abonnés du TER pour leurs trajets domicile-travail ou domicile-études. L'exploitant Transports collectifs de la métropole nantaise étudie de son côté la mise en place d'une carte multiservice permettant d'accéder à un abonnement TC, aux vélos en libre service, au stationnement vélo et à la location de vélo pliant.

 

Tarifications et abonnements combinés

Afin de favoriser l'intermodalité, quelques collectivités et autorités exploitantes de transports proposent des tarifications combinées vélo/transports en commun. Cela peut prendre différentes formes : ici, un abonnement annuel gratuit au service de VLS pour les abonnés des transports en commun de l'agglomération (Grand Chalon), là, un accès libre au stationnement près de la gare routière des lignes de car (agglomération nantaise). L'avantage pour l'usager est double : fluidité pour passer d'un mode à l'autre et économie.

 

Pour faciliter le cyclotourisme

Depuis plusieurs années, à la belle saison (de mi-juin à mi-septembre), les régions Centre et Pays de la Loire mettent en service une voiture réservée aux vélos, et cela sur tous les trains InterLoire circulant entre Orléans et Le Croisic. Un personnel de bord est spécifiquement chargé d'embarquer et de débarquer les vélos dans les gares. Ce service très apprécié des randonneurs est, de plus, totalement gratuit !

 

 

Des sites pour en savoir plus

www.sncf.com/fr/services/sncf-velo
Présente l’offre SNCF dans sa globalité : spécificités et conditions d'embarquement des différents types de vélo (démontés ou non), horaires des trains, coût ou gratuité du transport selon les trains, achat en ligne des billets train+vélo, informations sur les offres de stationnement et de consignes en gare et sur les services de location de vélo à proximité...

https://www.transilien.com/fr/page-deplacements/voyager-en-transilien-avec-son-velo 
Indique les règles pratiques pour les voyages avec vélo sur les lignes de l’Île-de-France (heures réservées à l'embarquement des vélos en semaine et le week-end).

www.thetrainline.com/fr
Trainline est l’application leader en Europe pour les voyages en train et en bus. Pionnier de la réservation et de l'achat en ligne pour voyager avec son vélo sur certains TGV et trains grandes lignes, ce site très convivial, simple et rapide, a des accords avec la SNCF et la DB (Chemins de fer allemands). Achat de billet train+vélo et possibilité de réserver une place à côté de son vélo !

www.francevelotourisme.com
Renseigne sur les itinéraires combinant des circuits vélo et les gares de rabattement. Informe également sur les conditions d'embarquement des vélos.