Retour sur les annonces du premier Comité interministériel vélo

Le premier Comité interministériel vélo s’est tenu après une longue attente des acteurs du vélo : usager·es, collectivités et acteurs économiques. La FUB a, depuis des mois, aux côtés des partenaires de l’Alliance pour le vélo, porté des positions ambitieuses pour refaire du vélo un transport de masse au cœur du système de mobilité. Retour sur notre analyse des mesures annoncées par le Gouvernement. 

 

3 piliers pour un Plan Vélo réussi : investir, animer, éduquer 

Les annonces du Gouvernement redonnent du souffle aux acteurs du vélo en traçant des perspectives plus claires. Mais la longueur du dossier de presse ne doit pas masquer le besoin d’une action plus forte et déterminée de la part de l’État pour relever les défis climatiques, sanitaires et sociaux. Le vélo doit y prendre toute sa part en s’intégrant au cœur du système de mobilité. 

Investir dans l’infrastructure cyclable  

C’est la condition première fixée par la FUB pour rendre crédible et confortable l’usage du vélo au plus grand nombre. Ce levier est primordial pour la sécurité des cyclistes et pour atteindre la neutralité carbone comme l’ont rappelé des acteurs majeurs du climat et de l’énergie (tribune Olivier Schneider/Jean-Marc Jancovici, tribune Olivier Schneider/Valérie Masson-Delmottedossier de presse du RAC sur le vrai plan d’avenir pour les infras de transport). 

Le Gouvernement annonce ouvrir des autorisations d’engagement maximales sur 2023-2027 de : 

  • 1,25 milliards d’euros pour le fonds mobilités actives, qui financent les appels à projets, le programme de territoires-pilotes et d’autres dispositifs à déterminer sur la durée du plan ;  
  • 200 millions d’euros pour le volet « vélo » des Contrats de Plan État-Région, qui financent les opérations de véloroutes inscrites aux schémas régionaux et national.  

Ce montant historique d’investissement national pour les pistes cyclables était nécessaire pour rattraper le retard de la France qui dispose d’une infrastructure cyclable sous-développée. C’est encore loin des besoins réels qui nous remontent du terrain : rien que pour son dernier appel à projet, l’État vient de recevoir plus de 600 candidatures de collectivités partout en France. 

Sur la durée du plan, c’est encore 1 milliard d’euros de plus qu’il faudra pour créer le véritable « Plan Marshall » attendu par les acteurs du vélo. À ces montants financiers doivent aussi être accolés des dispositifs précis qui touchent leurs cibles. 

Il faudra également pouvoir susciter la dynamique ou l’accompagner dans les territoires urbains et métropolitains. Les associations d’usager·es ont rendu possible par leur mobilisation la création de réseaux express vélo qui sont un vecteur de transformation profonde des territoires. L’État ne doit pas louper le coche en entretenant l’idée que le combat serait gagné dans les métropoles : ce n’est pas la réalité des millions de Français·es qui habitent dans ces territoires. 

 

Animer la dynamique en s’appuyant sur les citoyen·nes 

Afin d’accompagner la construction massive d’infrastructures cyclables dans tous les territoires, il faudra nécessairement qu’elles soient pensées de façon fine avec les citoyen·nes. C’est en agissant à l’échelle de nos déplacements du quotidien que nous pourrons construire des infrastructures adaptées, susciter l’envie et développer la culture du vélo. 

Pour que le plan vélo soit une réussite, la FUB appelle le gouvernement à dédier 1% de son fonds vélo à l’animation des politiques cyclables dans tous les territoires. Pour ce faire, elle l’enjoint à appuyer le développement du tissu associatif d’usager·e·s, qui dispose d’une expertise d’usage unique, connaît les besoins locaux et permettra par sa mobilisation systématique de : 

  • Garantir la qualité des infrastructures ;  
  • Accompagner aux changements de pratique pour que tout le monde s’approprie le vélo et qu’il entre dans les habitudes. 

Cette animation dans les territoires, en lien étroit avec les collectivités locales, est un levier essentiel pour impulser une dynamique basée sur une implication citoyenne, au plus près des besoins des cyclistes actuels et futurs. 

 

Eduquer pour prendre plaisir à rouler à vélo 

Tout aussi indissociable du développement des infrastructures cyclables, la généralisation de l’éducation à la mobilité à vélo pour les enfants, les jeunes et les adultes est la dernière dimension essentielle pour construire un « système-vélo ». Elle incarnerait le changement de paradigme qu’imposent les objectifs de neutralité carbone en 2050 et la lutte contre les inégalités face aux changements de modes de vie que nous devons collectivement opérer. 

Le gouvernement réaffirme à travers le Plan vélo et marche 2023-2027 sa volonté de généraliser le dispositif « Savoir Rouler à Vélo » pour les enfants de 6 à 11 ans. La FUB soutient cette ambition mais constate que les moyens de pilotage et d’animation ne sont pas au rendez-vous pour le faire connaître et le valoriser auprès des collectivités et des établissements scolaires.  

L’enjeu est de redonner sa dimension interministérielle au Savoir Rouler, en mobilisant pleinement l’Education Nationale à tous les échelons, pour que la mobilité à vélo devienne véritablement un « savoir fondamental ». Force est de constater que le manque de personnes pour intervenir et former les enfants est l’obstacle principal à la montée en puissance du dispositif. La FUB, par son expertise et son rôle d’observateur privilégié de cette politique, sera force de propositions pour identifier et lever les freins au déploiement du Savoir Rouler à Vélo. 

 

Des prochains mois déterminants pour la crédibilité du Plan Vélo 

La FUB, avec ses partenaires de l’Alliance pour le vélo, sera pleinement mobilisée pour identifier tous les freins et obstacles au développement du vélo. 

Dès le mois de mai, la FUB sera mobilisée avec les collectivités pour défendre notre proposition de créer un programme d’accompagnement sur 5 ans de projets de territoires démonstrateurs pour un montant de 500 millions d’euros. Ce programme s’inspire notamment du « Mini-Holland Program » porté par le Gouvernement britannique. Il doit associer étroitement les usager·es et les habitant·es pour répondre à leurs besoins. 

D’ici l’été, la FUB informera et accompagnera les associations membres de son réseau pour le suivi des négociations des Contrats de Plan Etat-régions. Encore trop de régions sont désinvesties alors que l’intermodalité entre le vélo et les transports collectifs est un levier essentiel de décarbonation. L’enveloppe promise doit financer des projets tant attendus qui transformeront le quotidien de millions de cyclistes. 

Enfin, la FUB appelle à ce que le Savoir Rouler à Vélo fasse l’objet d’une attention prioritaire d’ici le prochain Comité Interministériel pour le Vélo, pour identifier les freins et leviers à son déploiement et envisager des évolutions possibles du dispositif. Dès la semaine prochaine, une note de décryptage sera remise au gouvernement pour partager les observations du réseau des associations FUB et des animateur·rices du programme Génération Vélo. Un groupe de travail interne à la FUB a par ailleurs été constitué pour construire une vision et des propositions qui permettent d’allier l’objectif de généralisation et les ambitions qualitatives que défend la FUB en matière d’éducation à la mobilité à vélo, condition essentielle de son impact sur les pratiques de mobilité.    

La tenue d’un Comité interministériel de la Sécurité routière à l’été constitue un point de passage pertinent pour faire avancer la cause de l’éducation à la mobilité à vélo. 

Enfin, la FUB se mobilisera pour rappeler le travail remarquable et essentiel des usager·es et débloquer les fonds nécessaires pour conforter leur action, poursuivre leur structuration et s’organiser sur de nouveaux territoires.  

 

Revue de presse

Consulter notre revue de presse, avec les interviews d’Olivier Schneider, président de la FUB :