Découvrez l'analyse critique faite par la FUB des réponses des candidates et candidats à l'élection présidentielle

La guerre en Ukraine est révélatrice de notre dépendance aux énergies fossiles et de la vulnérabilité de notre modèle économique. Inégalitaire et polluant, le modèle du « tout-voiture » impacte fortement le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français, voire assigne à domicile des millions de Français impuissants face à la flambée des prix de l’énergie.

La FUB a interpellé les candidates et candidats à l’élection présidentielle depuis plusieurs mois pour entendre leurs réponses à ces défis. Les solutions sont à l’évidence nombreuses et pour certaines déjà sur la table : mettre en place des politiques publiques ambitieuses en faveur des mobilités actives constitue ainsi un levier efficace, non-discriminatoire et alternatif aux énergies fossiles.

En proposant aux 12 candidats et candidates de s’exprimer sur leur politique en matière de vélo, la FUB a pu comparer les leviers qu’ils comptent activer pour mettre en œuvre concrètement un « système vélo ».

 

Des candidates et candidats en décalage avec les attentes de leur électorat

Le bilan du décryptage et de cette campagne est plutôt décevant : 5 candidates et candidats n’ont exprimé aucune ambition pour le vélo et parmi les 7 qui ont répondu, peu d’entre eux se montrent totalement à la hauteur des enjeux. De nombreuses réponses laissent en effet apparaître un profond manque de réflexion sur la question des mobilités, ce que confirme le fait que seuls 4 candidats et candidates sur 12 intègrent explicitement le vélo dans leur programme. Nous notons aussi des reculs sur des priorités majeures largement plébiscitées par les Français[1].

Il est temps de changer d’échelle vite et fort. Ces dernières années ont montré la capacité de certains territoires à faire progresser la pratique du vélo : il faut maintenant accélérer. Tant pour l’environnement, que pour notre santé mais également pour l’accès de toutes et tous à la mobilité, des choix d’envergure s’imposent.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un mix énergétique fort et souverain face aux crises qui sont appelées à se multiplier. Les mobilités actives peuvent largement y prendre part. Pratiquer la marche ou le vélo est aujourd’hui un mieux-disant social : pour notre santé, notre pouvoir d’achat, nos relations de proximité, nos emplois et pour le climat. Les Français ne s’y trompent pas, quel que soit leur bord politique[2] !

 

Le vélo au cœur d’un très large mouvement citoyen

Le mouvement vélo auquel la FUB contribue représente une force citoyenne considérable faisant du vélo la deuxième activité d’extérieur en France, derrière la marche. Le vélo est un outil familier d’une très large majorité de nos concitoyens et une activité pratiquée par plus de 9 millions de personnes, dont 3,6 millions l’utilisant régulièrement[3] pour une grande variété d’usages. Les attentes légitimes de ces millions de personnes et des millions d’autres qui n’attendent qu’un système vélo complet pour se mettre au vélo ne sont aujourd’hui pas satisfaites !

Les candidats et candidates doivent défendre leur pratique et soutenir le développement du vélo afin de lui reconnaître le rôle qui lui incombe dans la construction d’un pays et de territoire plus résilients : 79% des Français sont favorables au financement d’un plan vélo national[4].

 

Qui sont les championnes et les champions du vélo dans la course à la présidentielle ?

Alors, dans cette course à la présidentielle, la FUB vous propose de dresser les résultats.

En tête de course, on retrouve le candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon et le candidat des Verts Yannick Jadot, tous deux favorables à la totalité des mesures que nous portons avec des engagements concrets.

Fabien Roussel, Anne Hidalgo ou encore Philippe Poutou suivent de près le peloton de tête.

Emmanuel Macron et Valérie Pécresse se retrouvent distancé.es.

Marine Le Pen, Nathalie Artaud et Jean Lassalle portent une ambition nulle pour le développement du vélo pour des raisons qui diffèrent.

Enfin, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan terminent bons derniers de cette épreuve après avoir annoncé des mesures anti-vélo.

 

Notes :

[1] Sondage OpinionWay pour la FUB « Les Français et le vélo », février 2022. Voir ici.
[2] Ibid.
[3] Baromètre Sports et loisirs de nature 2016. PRNSN ; FPS ; Université Lyon 1 ; Université de Bretagne Occidentale. Voir : https://www.sportsdenature.gouv.fr/cyclisme-et-cyclotourisme-sur-route/observation/pratiquants 
[4] Sondage OpinionWay pour la FUB « Les Français et le vélo », février 2022. Voir ici.

 

L’analyse et le classement qui en découlent ci-dessous porte à la fois sur :

  • Le soutien des candidates et candidats aux 10 mesures prioritaires portées par la FUB détaillées dans le Livre blanc[1] (6 points), grâce à un questionnaire envoyé à l’ensemble des équipes de campagne.
  • Les engagements programmatiques des 12 candidates et candidats à l’élection présidentielle (3 points), avec une attention particulière pour les éléments concrets et chiffrés apportant une vision cohérente des politiques vélo.
  • Leurs prises de paroles éventuelles pendant la campagne en faveur de l’usage du vélo au quotidien (1 point bonus). 

De plus, dans le cas où un.e candidat.e porte des mesures qui soutiennent l’omniprésence du système voiture et favorisent la précarité mobilité[2] des Français, il voit son score diminuer de 2 points.

[1] L’Alliance pour le Vélo, Faire du Vélo un Atout pour la France, voir : https://elections.parlons-velo.fr/2022/documents/livre-blanc.pdf

[2] Voir la 2ème version du Baromètre des mobilités du quotidien, FNH et Wimoov. 13 millions de Français sont en difficultés pour se déplacer quotidiennement.

 

 

 

La tête de course

Yannick Jadot

Yannick Jadot arrive en tête du classement, avec un score de 10/10 témoignant de ses engagements forts en faveur du vélo : une vision cohérente, claire et chiffrée.

Le candidat soutient toutes les mesures prioritaires portées par la FUB, son programme mentionne des mesures claires et chiffrées en faveur du vélo, avec notamment un objectif ambitieux de 15% de part modale d’ici 2030. En plus de ces engagements écrits, il n’a pas hésité à apporter publiquement son soutien au vélo, en venant à son meeting au Zénith de Paris le 27 mars dernier à bicyclette.

La politique vélo de Yannick Jadot

 

 

Jean-Luc Mélenchon

Le programme de Jean-Luc Mélenchon offre une vision du vélo et du développement des mobilités actives très ambitieuse, avec une volonté assumée de réduire l’usage de la voiture individuelle en ville. Il apporte son soutien à toutes les mesures du Livre blanc, dont la réduction de la vitesse en ville et hors-agglomération, en l’absence d’aménagements cyclables.

Nous regrettons qu’il n’ait pas (encore) porté publiquement cette volonté de révolutionner la mobilité individuelle, il arrive donc en seconde position avec une note de 9/10 ! Il reste moins d’une semaine pour corriger le tir.

La politique vélo de Jean-Luc Mélenchon

 

 

L’échappée

Anne Hidalgo 

Avec un score de 8/10, la candidate socialiste suit de près le duo en tête de course. Et pour cause : le site de campagne mentionne largement le vélo et les mobilités actives avec des engagements chiffrés.

Anne Hidalgo soutient également largement les mesures du Livre blanc sauf une.

La politique vélo de la candidate est cohérente, ambitieuse et concrète. On notera néanmoins une frilosité à assumer un discours marqué sur la réduction généralisée de la vitesse en ville et à prendre parole publiquement sur le sujet vélo.

La politique vélo de Anne Hidalgo

 

 

Fabien Roussel

Le programme du candidat communiste mentionne rarement le vélo comme étant un mode de déplacement pas ou peu polluant. En revanche, celui-ci soutient la quasi-totalité des mesures du Livre blanc. Raisons pour lesquelles il obtient la note de 7.

Lors du Débat du siècle, le candidat a soutenu publiquement le vélo comme faisant partie intégrante de sa stratégie bas carbone. Il est finalement dommage que les prises de paroles fassent état de propositions complètes, chiffrées et ambitieuses sur le sujet vélo mais que celles-ci ne trouvent toutefois pas leur juste place dans le programme.

La politique vélo de Fabien Roussel

 

 

Philippe Poutou

Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste obtient la note de 6/10. Une note qui s’explique par l’absence du sujet vélo dans son programme comme dans ses prises de parole publiques.

En revanche, celui-ci soutient largement les mesures du Livre blanc et souhaite remettre les usagers au cœur des politiques publiques ce qui lui permet de rester dans la course.

Nous saluons son soutien fort aux propositions de l’Alliance et regrettons que cela ne se traduise pas davantage dans le discours public et dans le programme du candidat.

La politique vélo Philippe Poutou

 

 

Le peloton

Emmanuel Macron

Le candidat de la République en Marche obtient la note de 3/10. Sans jamais mentionner le vélo dans son programme et sans prendre publiquement la parole sur le vélo, celui-ci est à la traîne.

Six mesures du Livre blanc sont soutenues par le candidat ce qui lui permet de ne pas se faire doubler.

Un discours positif sur le vélo ne doit pas cacher le recul majeur que connaît aujourd’hui le Forfait Mobilité Durable (FMD) et le manque d’ambition du candidat malgré de récents rapports issus de la majorité parlementaire qui portent des recommandations fortes sur le vélo.

La politique vélo d’Emmanuel Macron

 

Valérie Pécresse

Le vélo est absent du programme et des prises de parole de la candidate des Républicains. Si la candidate soutient quelques mesures du Livre blanc, la majorité d’entre elles sont rejetées. Elle obtient ainsi le score médiocre de 2/10.

Notons tout de même que la candidate fait preuve d’une bonne connaissance des enjeux vélo. Mais, en affirmant que l’effort doit être supporté très majoritairement par les collectivités, sans un accompagnement fort de l’Etat, celle-ci manque sa cible pour déployer un plan massif en matière de mobilités actives.

La politique vélo de Valérie Pécresse

 

 

Le gruppetto

Marine Le Pen

La candidate mentionne sa volonté de développer « les mobilités douces » dans son programme, mais en les cantonnant à leurs aspects de loisirs et de tourisme. Elle est loin de développer une vision politique du vélo ou une méthodologie claire pour parvenir à sa démocratisation, et n’a fait aucune prise de parole publique sur le sujet.

Sans réponse au questionnaire l’invitant à se positionner sur les mesures du Livre blanc, elle obtient donc la note de 1/10.  

La politique vélo de Marine Le Pen

 

 

Nathalie Artaud

En n’ayant pas répondu au questionnaire, la candidate du parti Lutte Ouvrière n’est même pas dans la course (0/10). D’ailleurs, le vélo n’est pas non plus mentionné dans son programme et la candidate n’en parle jamais dans ses interventions publiques.

Il est regrettable que le vélo soit ignoré de cette façon par la candidate lorsque l’on sait qu’il a été pendant des décennies le symbole de l’identité ouvrière. De même, il constitue aujourd’hui un outil important d’inclusion et d’accès à tous et toutes à la mobilité.

La politique vélo de Nathalie Artaud

 

 

Jean Lassalle

Jean Lassalle aussi obtient un score nul dès le début de la course. Le vélo est totalement absent du programme comme de ses interventions. De même, celui-ci n’a pas répondu aux mesures du Livre Blanc.

Là encore, nous déplorons une mauvaise compréhension des atouts du vélo en ce qu’il peut constituer un formidable outil pour un aménagement équilibré du territoire et la revitalisation des villes et villages.

La politique vélo de Jean Lassalle

 

 

La voiture balais

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan ne mentionne pas le vélo ni les mobilités actives dans son programme. Il se fend même d’un appel à stopper le harcèlement des automobilistes et motards sur son site de campagne au sein duquel il propose la suppression du permis à point. En confondant sciemment opposition des modes et opposition des gens, il obtient le score négatif de -2.  

En effet, ses mesures vont à l’encontre du développement de la pratique quotidienne du vélo et mettent en danger les cyclistes.

La politique vélo de Nicolas Dupont-Aignan

 

 

Éric Zemmour

Le  programme d’Eric Zemmour ne fait jamais mention du vélo, et le candidat n’a pas souhaité répondre au questionnaire. A l’inverse, son programme propose de revenir à la limitation de 50 km/h en ville en retirant aux maires des métropoles le droit de décider de la limitation de vitesse dans leur ville et la suppression du permis à point, il se positionne donc aussi en dernière position (-2/10).

Eric Zemmour ne propose aucune mesure pour favoriser le développement du vélo et promeut des solutions néfastes pour la sécurité des cyclistes et la démocratisation de la pratique. Ses propos insultants sur le vélo témoignent du peu de respect qu’il porte aux 9 millions d’usagers et de pratiquants occasionnels.  

La politique vélo d’Eric Zemmour

 

 

En complément de l’analyse menée par la FUB, retrouvez le décryptage global des engagements des candidates et candidats réalisé par l’Alliance pour le Vélo.